Un très bon polar espagnol dans la lignée de "La Isla Minima".
QUE DIOS NOS PERDONE
Dans un Madrid suffocant, un duo de flics antipodique traque un tueur de vieilles dames. Par Rodrigo Sorogoyen ("El reino"), un polar nerveux, submergé de pulsions refoulées, servi par deux acteurs impeccables.
Été 2011. Dans un Madrid caniculaire en proie à la révolte des Indignés et à la ferveur des catholiques, rassemblés pour la visite du pape Benoît XVI, Javier Alfaro, policier instinctif et brutal, et son coéquipier bègue Luis Velarde, aux intuitions de génie, enquêtent sur une série de meurtres de vieilles dames, violées et rouées de coups. Au fil de leurs découvertes, qu’ils ont pour ordre de garder secrètes, le profil du tueur se dessine : trentenaire d’apparence séduisante, se vengeant sur ses victimes d’une mère abusive. Après une bévue, Alfaro et Velarde sont mis sur la touche par leur hiérarchie et l’affaire est confiée à leurs rivaux. Mais ces derniers, dépassés par les événements, n’ont d’autre choix que de les appeler à la rescousse…
Tenant en haleine le spectateur tout au long de la traque du serial killer (dont l’identité est dévoilée aux trois quarts du film), ce polar maîtrisé, soutenu par une mise en scène nerveuse et ancré dans un contexte politique et social précis, esquisse le dérangeant portrait d’une société espagnole rongée par des pulsions comprimées sous le poids de la religion. Entre débordements de violence d’un côté et dérapage sexuel de l’autre, le duo de flics dépareillé formé par Alfaro, auquel Roberto Álamo prête sa présence testostéronée, et Velarde, subtilement interprété par Antonio de la Torre (également à l’affiche d’El reino, du même réalisateur), apparaît ainsi comme le reflet estompé, mais terrifiant, du meurtrier…